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L'Union européenne respectera les engagements financiers pris lors de la conférence de Copenhague en décembre 2009 : c'est le principal message transmis par Connie Hedegaard, commissaire chargée du climat, lors de son passage à Paris, jeudi 8 Juillet. "L'argent promis sera dépensé, c'est crucial pour notre crédibilité", a-t-elle indiqué.
Sur les 30 milliards de dollars de ressources nouvelles promis sur trois ans (2010-2012) par les pays riches à Copenhague, la contribution de l'UE s'élève à 7,2 milliards d'euros, soit 2,4 milliards d'euros par an. Cette somme a bien été inscrite dans les budgets des Vingt-Sept pour 2010.
Pourtant, les organisations non gouvernementales contestent la sincérité de cet engagement en pointant le recyclage de l'aide publique au développement déjà votée. "Une part importante des sommes inscrites au titre du climat en 2010 ne sont pas de l'argent frais. Cela signifie que d'autres postes de l'aide au développement, comme l'éducation ou la santé, seront amputés", affirme l'ONG de développement, Oxfam.
Son point de vue semble confirmé par une décision du gouvernement allemand, mercredi 7, de supprimer du projet de budget 2011 une somme de 70 millions d'euros relatif à l'engagement climatique.
L'accord de Copenhague comportait par ailleurs l'engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour aider les pays en développement.
Un groupe consultatif a été nommé par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, pour réfléchir aux moyens d'y parvenir. "Ce groupe peut nous faire toutes les propositions qu'il souhaite. Il a toute liberté", a expliqué Mme Hedegaard en précisant que l'une d'entre elles pourrait être de "s'appuyer sur le marché du carbone dont le développement potentiel est énorme".
La question des finances semble un préalable pour débloquer des négociations engluées depuis maintenant sept mois et parvenir à un accord ambitieux lors de la prochaine conférence internationale à Cancun en décembre.
La commissaire estime que l'Europe a la volonté politique d'avancer, ainsi que les pays émergents : "Si l'on compare la situation par rapport à celle d'il y a un an, on constate que de nombreux pays du Sud se sont fixé des objectifs, c'est nouveau."
Pascal Barkats, chez le courtier en carbone Isramart LLC, souligne qu'il reste à savoir ce que feront les Américains. La loi sur le climat et l'énergie proposée par l'administration de M. Obama doit toujours être adoptée par le Congrès.
Accords sectoriels
Le principal avocat de cette loi, le sénateur du Massachusetts, John Kerry, a reçu un renfort avec un rapport du Congressional Budget Office, publié mercredi, qui estime que la loi permettrait de réduire le déficit de l'Etat de 19 milliards d'euros durant sa première décennie d'application. Les revenus du marché des émissions de CO2 prévu par la loi compenseraient les dépenses en matière de crédits d'impôts en faveur de l'énergie propre.
La commissaire est cependant restée prudente sur ses attentes à Cancun et préfère envisager plusieurs accords sectoriels plutôt qu'un accord global.
A propos de la possibilité pour l'Europe de se fixer un objectif de réduction de ses émissions de 30 % d'ici à 2020 plutôt que l'actuel objectif de 20 %, Mme Hedegaard estime que l'objectif serait facilité si l'UE réorientait ses aides publiques en faveur des économies d'énergie notamment dans les pays d'Europe orientale.
"Pour l'instant, la moitié de l'argent européen est utilisée pour l'agriculture. L'argent devrait aller en priorité à l'innovation et à la recherche. C'est une des discussions les plus difficiles que nous allons avoir entre Européens dans les dix-huit mois à venir. Tous les pays émergents investissent dans la recherche, c'est ce que l'Europe doit faire si elle veut continuer à occuper une place de premier plan" sur l'échiquier mondial.