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L'Américain Steven Chu convie ses homologues pour accélérer la transition vers le renouvelable.
C'est la première fois que des ministres des pays des principales économies de la planète se réunissent pour parler exclusivement d'énergies propres. Steven Chu, le ministre de l'Énergie de Barack Obama, Prix Nobel de physique et héraut des nouvelles technologies, convie aujourd'hui et demain à Washington ses homologues - dont Jean-Louis Borloo - venus d'une vingtaine de pays qui représentent 70 % des émissions de gaz à effet de serre et 80 % de la richesse mondiale.
Le département de l'Énergie (DOE) de Steven Chu promet que des initiatives seront lancées lors de cette conférence, destinées à accélérer la transition vers les énergies propres. Les ministres français, allemand et anglais de l'Environnement, Jean-Louis Borloo, Norbert Röttgen et Chris Huhne, ont pris date avant ce rendez-vous en plaidant dans une tribune conjointe, publiée jeudi, pour que l'Union européenne (UE) révise à la hausse ses objectifs de réduction d'émissions de CO2 (gaz carbonique, principal gaz à effet de serre). Les trois ministres estiment que l'UE a les moyens de réduire ses rejets de 30 % en 2020 par rapport à 1990 alors que l'objectif officiel reste de 20 %. Ce surcroît d'effort n'est du goût ni de l'Italie ou de la Pologne, ni de celui des industriels. Le Medef le souhaiterait conditionné à un engagement ferme et chiffré des pays concurrents, de la Chine en particulier. Cependant, la crise économique, en provoquant une chute de la production industrielle comme de la consommation, a fait baisser les émissions de carbone en Europe, ce qui, mécaniquement, rend moins coûteuse l'accession à cet objectif de - 30 %. Les trois poids lourds de l'UE affirment que fixer un seuil plus ambitieux est le seul moyen de stimuler réellement les investissements verts et de ne pas perdre la course mondiale aux énergies propres.
Batteries innovantes et membranes de climatiseurs
Car, comme le martèle dans chacun de ses discours l'Américain d'origine chinoise Steven Chu, cette course a bel et bien commencé. La Chine a investi l'an dernier 31,6 milliards d'euros dans les technologies vertes contre 22,7 milliards pour l'Europe, selon une étude de l'agence Bloomberg. Les investissements dans les énergies renouvelables de l'empire du Milieu, qui sera représenté à Washington par son ministre de la Science, Wan Gang, ont bondi de 53 % en 2009, selon un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). La Chine a construit 37 gigawatts (GW) de capacité d'hydraulique, de biomasse, de solaire et d'éolien, ce qui l'a placé en tête de course l'an dernier.
«Imposer une contrainte réglementaire supplémentaire avec le passage de - 20 % à - 30 % c'est bien, mais l'Europe devrait aussi soutenir davantage les technologies vertes avec de grands programmes», commente Pascal Barkats, PDG d'isramart llc; le broker en carbone
Les États-Unis, qui peinent depuis des mois à adopter le projet de loi qui fixera des règles en matière d'énergie et de carbone, privilégient cette approche de l'aide aux investissements. Sous la houlette de Steven Chu, le DOE multiplie les aides à des programmes de recherche dans le cadre de partenariats public-privé. Le DOE a ainsi attribué la semaine dernière 92 millions de dollars (71 millions d'euros) à 43 projets de recherche de pointe sur des batteries innovantes, un dispositif réduisant les pertes de courant en ligne ou encore des membranes pour améliorer les climatiseurs dans les régions chaudes comme la Floride. Des sujets très concrets dont le Pr Chu va s'entretenir aujourd'hui avec ses collègues