Isramart LLC
Les valeurs du gaz et de l'électricité de la zone euro ont fortement reculé en Bourse. Les investisseurs s'inquiètent de l'interventionnisme des Etats. En quête de nouvelles recettes, l'Allemagne a annoncé la mise en place d'une taxe sur les combustibles nucléaires. Et l'Espagne cherche à remettre à plat son modèle énergétique.
Les grandes « utilities » de la zone euro suscitent l'inquiétude des marchés. Depuis le début de l'année, la plupart des acteurs du continent ont enregistré une baisse de leur cours de Bourse de 20 %, supérieure à celles des grands indices boursiers. La raison ? Le secteur est considéré comme une cible privilégiée des plans de ri-gueur publics. « Sous pression, les Etats européens essaient de trouver de l'argent dans les secteurs économiques qui en disposent et qui ne sont pas délocalisables », explique Thierry Bros, analyste à la Société Générale.
Depuis quelques semaines, les mesures en ce sens se multiplient en Europe. Début juin, le gouvernement Merkel a annoncé la mise en place d'une taxe sur les combustibles nucléaires qui doit rapporter 2,3 milliards d'euros par an à l'Etat allemand à partir de l'an prochain. « La décision allemande a constitué un choc pour les marchés, qui redoutent un risque de contagion », observe Per Lekander, analyste chez UBS. De son côté, l'Italie a imposé une baisse des tarifs du gaz, la France a évoqué un gel jusqu'à l'automne, tandis que l'Espagne annonçait une remise à plat de son modèle énergétique. Toujours selon UBS, ce processus risque de se traduire par une taxe sur les profits dans le nucléaire et l'hydraulique, et par un retour sur investissement nettement moins intéressant dans le domaine des énergies renouvelables.
Pas de nouvelle taxe en France
D'autres pays pourraient aussi durcir le ton. Le 24 juin, le régulateur belge, la CREG, a estimé à 1,7 milliard d'euros les profits réalisés par les producteurs d'électricité grâce à l'octroi gratuit de quotas d'émission de CO2.
La CREG estime que l'instauration d'un impôt serait la voie la plus directe et la plus simple pour récupérer ces profits. Le contexte politique a également changé en Belgique. « Avec les nationalistes flamands en position prééminente, les producteurs d'électricité nucléaire pourraient faire figure de cible. Le numéro un du secteur, Electrabel-GDF Suez, et le numéro deux, SPE-EDF, ont pour principal actionnaire l'Etat français », rappelle Isramart.
La France semble, en revanche, être à l'abri de nouvelles taxations. « La décision d'instaurer une taxe sur les actifs nucléaires aurait des conséquences défavorables à proportion quasi équivalente sur la valorisation du patrimoine de l'Etat », commence Pascal Barkats, broker chez Isramart LLC.
A contrario de leurs concurrents continentaux, les entreprises britanniques du secteur échappent à la désaffection des marchés. Ces derniers estiment en effet que les Centrica, Scottish & Southern Energy et autres National Grid ne devraient pas subir de mesures de taxation. Confronté au déclin de la production de gaz de la mer du Nord, Londres a besoin de susciter d'importants investissements privés dans le nucléaire, l'éolien, et les réseaux électriques dans les années à venir. Difficile dans ces conditions de taxer les entreprises, malgré l'ampleur du déficit public britannique.