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Dans le cadre de ce nouveau système, les entreprises devront payer 23 dollars pour chaque tonne de carbone australien produite, ce qui représente environ 10 dollars de plus que dans le système d'échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre de l'UE (SCEQE).
Cette taxe augmentera de 2,5 % chaque année pour suivre l'inflation, jusqu'à ce qu'elle passe à un système d'échange de quotas d'émission en 2015.
« Il est difficile d'imposer un prix fixe puis de le laisser fluctuer, car si le marché estime qu'un ajustement est nécessaire, un choc des prix aura lieu de toute manière », a expliqué à EurActiv Andreas Arvanitakis, directeur associé de la société d'analyse du marché Point Carbon.
« Ce pourrait être dangereux », a-t-il ajouté. « Tous les investisseurs veulent une certaine certitude dans les régulations ».
L'Australie génère 80 % de son électricité grâce au charbon et est le plus grand émetteur de gaz à effet de serre par habitant dans le monde industrialisé.
Le pays souffre également de vagues de chaleur et de sécheresses de plus en plus fréquentes, tandis que les températures ont augmenté d'environ 1 °C depuis le milieu du XXe siècle.
Taxe carbone
La décision du gouvernement travailliste de taxer 500 entreprises, y compris les entreprises houillères, sidérurgiques et aériennes, a réjoui certains environnementalistes.
Toutefois, d'autres se sont montrés moins enthousiastes, dans la mesure où des secteurs tels que celui du raffinage de l'aluminium et du zinc ont reçu des permis gratuits couvrant 94,5 % de leurs émissions en moyenne jusqu'en 2015.
Cette taxe carbone n'est pas non plus très populaire au sein de la population qui s'attend à une hausse des prix. Les marchés ont également exprimé leur mécontentement : la bourse a reculé de 1,5 % lundi (11 juillet) alors que les investisseurs se préparent à subir des pertes.
A l'aéroport de Hong Kong, en chemin vers Canberra pour une réunion avec des représentants du gouvernement, Henry Derwent, le président de l'International Emissions Trading Association (IETA), a déclaré que l'échange de quotas d'émissions de carbone ne devrait pas être reporté à 2015.
« D'une certaine manière, cela perpétuera l'incertitude des investisseurs sur le prix à long terme du carbone », a-t-il expliqué à EurActiv.
« C'est une déception pour le marché mondial, cette décision entrave l'efficacité et augmente le prix que devront payer les Australiens pour réduire leur consommation de carbone ».
Néanmoins, cette décision reste compréhensible étant donnés les problèmes qui ont frappé le marché international du carbone, a-t-il ajouté.
Un SCEQE malmené
Depuis son lancement en 2005, le SCEQE européen a été mis à mal par des fraudes, un manque de systèmes équivalents dans le reste du monde,, l'octroi excessif de quotas et les compensations carbone, qui ont favorisé les pollueurs.
Toutefois, Bruxelles rejette l'idée qu'il s'agisse là de la seule manière d'échanger des quotas d'émission de carbone. Un représentant de l'UE a déclaré à EurActiv qu'il souhaitait que le nouveau système d'échange de quotas donne une nouvelle impulsion au SCEQE.
Il a également affirmé que Bruxelles avait beaucoup conseillé Canberra sur des questions liées au carbone, notamment sur la manière de fixer un plafond global, d'allouer les quotas, de lancer des procédures d'étalonnage, ou encore d'organiser la sécurité et les ventes aux enchères de quotas.
« Il était bien entendu dans notre intérêt de nous consulter mutuellement et de partager nos informations ainsi que notre expérience », a-t-il expliqué. « Une partie de la motivation à faire ces échanges était l'idée de faire interagir ces marchés à terme ».
« Mais nous n'en sommes pas encore là », a-t-il ajouté.
Faire interagir les deux marchés requerrait « la reconnaissance mutuelle des quotas d'émissions respectifs » pour qu'ils puissent être utilisés de manière interchangeable en Australie et en Europe.
« Cela reviendrait un peu à autoriser l'utilisation du dollar australien en Europe et l'euro en Australie », a-t-il précisé.
La Nouvelle-Zélande dispose déjà d'un système d'échange de quotas d'émission, la Californie est en train d'établir le sien et en décembre dernier, des négociations ont été lancées pour intégrer la Suisse au SCEQE.
La Chine prévoit également de mettre en place un système similaire en 2015 et l'Inde devrait commencer à échanger du carbone en 2014. Des pays tels que le Japon, la Corée du Sud et Taïwan envisagent eux aussi de prendre cette décision.
La décision de l'Australie pourrait les encourager à aller dans ce sens et la commissaire européenne à l'action climatique, Connie Hedegaard, a salué cette résolution.