Monday, June 1, 2009

Les campus français, mauvais élèves de l'environnement

Grises plutôt que vertes. Les universités françaises ont encore fort à faire pour se mettre au diapason des nouvelles normes environnementales. Pour la première fois, une étude fait le point sur les performances énergétiques des universités hexagonales.

En partenariat avec la Conférence des présidents d'université (CPU), la Caisse des dépôts a réalisé une cartographie des émissions de gaz à effet de serre du parc universitaire français, à partir des données collectées entre septembre 2008 et février 2009 auprès de 50 universités, 13 écoles et 8 Crous (centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires).

Pas moins de 15 millions de mètres carrés de bâtiments d'enseignement et de recherche, et près de 500 000 m2 consacrés à la restauration et à l'hébergement, ont été passés au crible. Les résultats issus de cet échantillon très représentatif de la diversité du parc universitaire sont mauvais.

Pour atteindre les objectifs du Grenelle de l'environnement, les universités devront réduire de moitié leur consommation d'énergie et leurs émissions de CO2. Avec une moyenne de 300 kWh par mètre carré et par an et 31 kg d'émission de CO2/m2/an, elles consomment plus d'énergie2 que la moyenne des bâtiments publics (240 kWh/m2/an).

'Ces résultats médiocres ne sont pas une surprise, compte tenu de l'état du patrimoine universitaire', explique Blaise Desbordes, directeur développement durable à la Caisse des dépôts. Avec 18 millions de mètres carrés, dont 4,5 millions pour le logement étudiant, le parc immobilier représente le tiers des bâtiments publics français. Ce patrimoine, très disparate et souvent mal entretenu, est en piteux état. Selon le ministère de l'enseignement supérieur, 30 % des locaux seraient même vétustes. Le plan Campus, qui prévoit 5 milliards d'euros pour la modernisation des universités, devrait leur donner un bol d'air, mais il leur crée aussi l'obligation de respecter les normes imposées par la loi Grenelle 1
Dans ce contexte de plus en plus pressant, les campus se mettent petit à petit au vert. En 2008, la CPU a adopté une charte, puis créé un groupe de travail sur le développement durable. Pilotée par Sylvie Faucheux, présidente de l'université de Versailles - Saint-Quentin-en-Yvelines, cette équipe a réalisé une enquête sur les projets et les attentes des universités en matière d'environnement. Plus de la moitié (48 sur 83) des universités françaises ont répondu à cette étude. Les résultats, qui seront rendus public mardi 2 juin, montrent les tentatives des présidents pour une gestion écologique de leurs établissements.

Les initiatives les plus nombreuses ont trait aux économies d'énergie. Les deux tiers des établissements (70 %) suivent de près leur consommation. Plus de la moitié ont effectué un diagnostic énergétique, et 16 universités ont même fait leur bilan carbone. Un tiers des établissements produisent une partie de l'énergie grâce à des ressources renouvelables.

Ces quelques bonnes pratiques ne doivent pas faire illusion. Les marges de progrès restent importantes. Le recyclage des déchets n'est pratiqué que par une vingtaine d'universités. Une douzaine utilise du papier recyclé. Les pratiques d'achats "durables" sont le fait d'une petite minorité.

Conscientes de leurs lacunes, les universités estiment que, pour progresser, elles doivent sensibiliser leurs personnels, mais surtout les étudiants. " Il faut pousser les étudiants à s'emparer de ces sujets. Les personnels administratifs et techniques sont de loin les plus faciles à mobiliser. Pour eux, c'est une vraie opportunité de donner un nouveau sens à leur travail", considère Sylvie Faucheux.