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Le projet européen de faire payer en 2012 les compagnies aériennes polluantes est un mauvais calcul !... C'est en tout cas la conviction du président d'Airbus, Thomas Enders, qui vient d'envoyer une lettre à ce sujet à la Commissaire européenne en charge du Climat, Connie Hedegaard.
Selon le 'Financial Times' du jour, qui s'est procuré une copie de cette missive, M. Enders estime en effet qu'une telle mesure, envisagée par l'Union européenne à partir de janvier 2012, risque de déclencher une guerre commerciale avec la Chine et d'autres pays puissants. Pour lui, ce serait "de la folie" de prendre le risque de subir des représailles de la part de ces pays.
Dans cette lettre datée du 24 mai, cosignée avec le directeur général de Virgin Atlantic Steve Ridgway, M. Enders estime ainsi que "si l'UE met en place ces mesures, la Chine a déjà prévu des mesures de représailles contre l'aviation européenne". Le patron d'Airbus ajoute que, dans ce cas, "les compagnies européennes et Airbus (groupe EADS) seront les cibles probables" de Pékin, et ajoute que "nous ne pouvons pas nous permettre un conflit commercial de cette ampleur"...
Ce week-end, la polémique a pris de l'ampleur à l'occasion de la réunion annuelle de l'Iata à Singapour. Le président de l'Iata, Giovanni Bisignani, a qualifié le plan européen de "dispositif extraterritorial illégal", et a souligné que de nombreux pays sont hostiles au projet, qui obligerait les compagnies à acheter des permis d'émission au-delà d'un certain seuil de pollution.
Pour l'instant, les compagnies chinoises ont choisi la voie du lobbying pour faire abandonner le projet. La Chine fait valoir qu'elle a elle-même mis en place récemment des mesures de réduction des émissions de CO2 dans ses transports aériens, ce qui lui accorderait selon elle, une exemption au moins partielle de taxes anti-pollution en Europe... De leur côté, les compagnies aériennes américaines sont elles aussi vent debout contre le projet et ont d'ores et déjà déposé une plainte devant la Cour européenne de justice.
De son côté, Mme Hedegaard campe pour l'instant sur ses positions, et refuse de modifier le projet, estimant que cela créerait un dangereux précédent si Bruxelles cédait aux pressions de Pékin... "Lorsque certaines parties commencent à menacer telle ou telle société européenne, l'Europe doit faire preuve d'une grande fermeté à mon avis", a déclaré la responsable européenne interrogée par 'Reuters'.